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Jérémy Melix : Son Grand Raid du Confinement
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9 Mai 2020 - AdminSF
Jérémy Melix : Son Grand Raid du Confinement

Ça s’est passé le 25 avril, un samedi, en plein confinement et en toute confidentialité. Jérémy Melix, 37 ans, traileur depuis deux saisons à l’ALV Athlétisme, se lance ce jour-là un curieux défi : courir le Grand Raid du Ventoux, 105 km et 5150 m de dénivelé, rebaptisé pour l’occasion « Grand Raid du confinement », dans l’impasse de la copropriété où il occupe un 2-pièces.

« L’annulation de la course a été annoncée dès le premier jour du confinement, le 17 mars. À partir du moment où j’étais inscrit et que je m’étais préparé à cet ultra, je savais que j’allais le courir d’une manière ou d’une autre. » Mais Jérémy ne se lance dans cet ultra confiné « au feeling » ni pour faire le buzz ni encore pour entrer dans le Livre des records. La démarche est rationnelle et vise un objectif personnel.

 

Recherche d’optimisation de l’effort. « J’ai accompli cette ultra pour mieux me connaître, tester mes connaissances et retrouver la sensation du dépassement de soi. Depuis des mois, je suis engagé dans une démarche d’optimisation de la gestion de l’effort, dans l’ultra en particulier : engagé d’une part, à titre personnel, avec une marque de nutrition du sport et, d’autre part, dans un programme d’étude sur les effets de l’entraînement sur la performance et la fatigue en trail, avec l’équipe de Guillaume Millet*. Avec les outils et les connaissances dont je dispose, je voulais confirmer le bien-fondé de mes observations sur ma gestion personnelle de l’effort avant, pendant et après la course. »

 

Pour courir les 105 km dans l’impasse de la copropriété, il a d’abord fallu déterminer la distance à disposition dans son espace confiné autorisé ainsi que le dénivelé disponible. Ensuite, calculer le nombre de tours à effectuer et l’organisation du dénivelé. « Le terrain extérieur autorisait une boucle de 450 m. Il en fallait 220 pour parcourir 99 kilomètres. Le reste, je le ferais à l’extérieur pendant l’heure de confinement autorisée, attestation de sortie en poche. Le bois à proximité serait un terrain parfait. » Jérémy a ainsi découpé sa course par tranche de 10 kilomètres avec le nombre estimé d’escaliers qu’il lui faudrait monter et descendre pour atteindre le dénivelé requis. Une manière de scander la course par des repères réguliers.


Une petite table de camping entre les voitures. La logistique alimentaire est rudimentaire – confinement oblige, un ravitaillement prévu pour 14 heures de course (temps estimé au départ), posé sur une table de camping entre les voitures du parking – mais optimisée en fonction de l’effort à fournir : effort classique longue durée, effort intense courte durée, etc. Muni de sa seule montre GPS Garmin, Jérémy démarre à 9 heures ce samedi 25 avril. Deux voisines l’encouragent et participent même à l’épreuve en courant non loin de lui 5 kilomètres chacune et le prenant en photo. Quelques copains du club passent aussi applaudir le raideur du confinement. Les 60 premiers kilomètres se passent plutôt bien. Le soleil est au rendez-vous, la forme est là. « Curieusement, le format en boucle et dénivelé sur escaliers de 4 mètres de haut n’a pas été si rébarbatif. Une fois le départ donné, je ne me suis plus posé de questions. J’étais mentalement formaté pour accomplir ces mini boucles. »


Manque de protéines. La seconde partie de course est moins évidente. Il entre dans le dur. Mais c’est ce que Jérémy apprécie dans l’ultra, la difficulté et le dépassement de soi. Comme dans les conditions de course normale, la fatigue s’installe. La gestion de la course devient moins rigoureuse qu’en première partie. Un gros orage éclate et verse à seaux pendant environ deux heures.

« Pourtant, j’ai manqué d’eau (rires) ! Je n’avais pas suffisamment anticipé et c’était un peu le fouillis sur la table. J’ai dû remonter chez moi pour me ravitailler en eau et préparer mes boissons de l’effort. De plus, les cookies protéinés et vitaminés que j’avais préparés était immangeables – trop durs ! Avec la fatigue, j’ai fait moins d’effort sur l’aspect « protéines ». Je savais pourtant que c’était  essentiel à ce moment de la course. Ce qui explique que les 25 derniers kilomètres ont été compliqués. Tout s’est joué au mental et à la frontale. Mais comme souvent en ultra. »

La perspective récurrente des marches devient une gageure au fil des kilomètres. Du 100e au 103e kilomètre, Jérémy marche ses boucles, puis, serrant les dents, décide de courir les deux dernières, histoire de franchir le 105e kilomètre haut la main. Le chrono s’arrête à 00h37min et 45 secondes, après 15h37 de course, soit une heure et demie de plus que l’estimation de départ. Le dénivelé final, inexact sur la Garmin qui ne prend pas en compte les marches d’escaliers, est estimé selon lui entre 4 000 m et 5 000 m D+.

 

Le traileur originaire du Sud-Ouest est satisfait. Cette nouvelle expérience, réalisée dans un contexte inédit, va au-delà de ses espérances. Elle le conforte dans ses observations et confirme un adage ancestral : le corps est une formidable machine endurante dont il faut prendre un soin particulier si on veut l’emmener loin. Grâce à une alimentation et une complémentation adaptées mais aussi, et surtout, à la récupération – nécessaire, essentielle, indispensable ! et faisant partie intégrante de la course.



 

 
























* Professeur en physiologie de l’exercice à l’université jean Monnet à Saint-Etienne, dont le travail vise à mieux comprendre les déterminants physiologiques, neurophysiologiques et biomécaniques de la fatigue lors d'activité sportive extrême (ultra-endurance, altitude) ou dans le domaine pathologique (maladies neuromusculaires, cancer, vieillissement).

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